Sentir que la vie nous porte

Dans les moments les plus difficiles de notre vie, nous sommes comme une étoile entourée de nombreux points noirs qui gravitent autour et qui nous coupent la vue de notre propre lumière. Notre lumière est visible à l’extérieur, dans le monde, par la réflexion de celle-ci sur les autres corps aux alentours, comme le soleil qui se reflète sur la lune.

S’il y a trop de points noirs, nous avons la vue brouillée par cette obscurité et nous ne voyons plus la lumière reflétée autour de nous. Si dans notre entourage, quelqu’un nous dit que nous reflétons bien de la lumière, nous ne le voyons pas et ainsi nous ne pouvons que le croire, sans arriver à le ressentir.

C’est ce qu’il se produit lorsque nous regardons le témoignage d’autrui, sur leur capacité à voir en eux la lumière, si nous ne la percevons pas en nous, nous ne pouvons au mieux qu’imaginer et au pire être désespéré ou envieux envers ceux qui voient la leur.

Nous oscillons entre l’espoir avec la perception d’une infime lumière, le désespoir avec le sentiment de vide, l’attente avec le sentiment d’impatience, l’irritabilité avec le sentiment d’être envieux et de la colère. Et notre vie balance d’un ressenti à l’autre, sans que nous accédions réellement à la perception de notre propre lumière.

Jusqu’à ce que nous faisions un peu de ménage autour de notre étoile : Nous ne pouvons pas voir les points noirs autrement qu’en allumant la lumière qui permet de les mettre en évidence et à l’inverse nous ne pouvons voir des points de lumière qu’au milieu de l’obscurité. Alors peu importe la quantité de lumière et d’obscurité autour de Soi, ce qui compte c’est d’arriver à les mettre en évidence, pour ensuite harmoniser la luminosité.

Dans notre passé, les points noirs se sont enkystés et ont formé des cristallisations à différents niveaux, de quelque nature qu’ils soient. Pour les voir il s’agit de focaliser son attention sur les points de lumière alors que nous vivons en pleine obscurité et à l’inverse il s’agit de regarder une tâche noire au milieu d’une scène éclairée, cela en même temps. L’ambivalence se trouve être le point d’observation pour réunifier tout ça.

Il y a toujours un point de lumière quelque part au milieu de l’obscurité, c’est le point de départ pour explorer les points sombres, un à un, en avançant à son rythme.

Parfois la vie nous met en visée des points de lumière si rayonnants, que cela peut effrayer la personnalité terrée dans sa grotte obscure et cela peut provoquer un temps d’adaptation à la luminosité assez important avant que la personnalité ose s’approcher de la lumière.

Ce qui importe est que la vie nous soutient et nous porte au-delà des craintes sur ce chemin de retour à notre lumière. Le temps que cela prend dépend de notre capacité d’adaptation et la personnalité n’a pas la main sur la direction à prendre, nous y arrivons à un moment adéquat pour nous et nous nous en rapprochons très progressivement.

Les percées de lumière se présentent à nous lorsque nous sommes en mesure d’adapter notre regard à la lumière. Un ermite terré au fond de sa grotte depuis des temps très anciens sait identifier une lumière qui vient se refléter quelque part, aussi faible que soit la luminosité. Ses yeux une fois adaptés vont chercher la source de la lumière et une fois trouvée, il va percevoir autour du trou ce qui obstrue et va pouvoir entamer les travaux de déblaiement, progressivement, pour ne pas être aveuglé. L’ermite peut mettre quelques jours à plusieurs éons pour arriver à déblayer et à se créer un champ de lumière particulièrement rayonnant.

L’ermite petit à petit va vers le soleil et se fond dans la lumière du monde. Cet enseignement de la vie lui a permis d’identifier ce qu’est la véritable lumière, en tant qu’individu unique, qui s’est frayé un nouveau chemin pour redevenir cette lumière, dont il est issu à son origine.

Laissons l’enseignement de l’ermite nous guider intérieurement vers la lumière et focalisons nos yeux intérieurs sur les reflets que nous percevons pour les laisser grandir et éclairer l’obscurité.

Nous y arrivons et de plus en plus les peurs se volatilisent en même temps que nous voyons la lumière.