Se libérer de la honte

En ce début de nouvelle année, je ressens un appel à libérer la honte, ce sentiment qui fait suite à un évènement où nous avons pris conscience de l’impact néfaste d’un état d’être, de paroles et de comportements, sur nous et autrui.

Ce sentiment s’accompagne d’une grande dévalorisation, souvent associé à des blessures d’humiliation et d’abus, que nous avons infligé à d’autres ou que nous avons reçues.

La honte s’exprime lorsque nous réalisons que le comportement est nuisible et que nous nous jugeons pour cela et que nous avons peur du jugement d’autrui. Différemment de la culpabilité, car nous nous sentons rabaissés et petits, touchés dans notre intégrité, d’avoir fait ou d’avoir laissé faire, d’avoir dit ou d’avoir laissé dire, d’avoir pensé ou d’avoir laissé penser.

La honte s’ancre lorsque l’humiliation a été vécue en tant que victime et en tant que bourreau, car l’un ne va pas sans l’autre. Les deux aspects permettent de comprendre pleinement le mécanisme, pour le ressentir dans sa globalité et choisir de s’en libérer.

Un tyran exerce son pouvoir de domination en choisissant de blesser/d’affaiblir, par différentes stratégies, après et avant d’avoir reçu lui-même ce genre de blessures qui touchent à l’intégrité, physique, morale et psychique de l’individu.

Une fois que l’individu a pris conscience des conséquences de ses comportements, la honte se révèle comme le tyran intérieur qui juge ce qui a été vécu. Un peu comme la culpabilité, avec en plus la peur des représailles.

La honte est un excellent révélateur de toutes ces empreintes émotionnelles de mémoires liées à l’exercice de pouvoirs de domination/soumission sur autrui et sur soi. Lorsqu’elle se révèle à nous, c’est l’alarme qui sonne que le moment est venu de se libérer de ce mécanisme et des mémoires de blessures d’antan, que ce soit dans cette vie ou dans d’autres.

Le Pardon est l’outil par excellence qui permet cette élévation de conscience par rapport aux émotions. Les individus touchés par les nuisances infligées ne pourront peut-être pas nous pardonner durant cette vie ou celles d’avant, mais nous pouvons le faire pour nous même. Tout comme nous pouvons pardonner à ceux qui nous ont nui.

Quand le Pardon est réalisé à l’intérieur de Soi, nous ne sommes pas responsables de la vie des autres, ainsi c’est nous que nous transformons depuis l’intérieur. En se libérant des liens, nous donnons la possibilité à ceux qui étaient enchaînés à nous, de se libérer également, la suite leur appartient.

En se transformant par le Pardon nous dissolvons les nuages noirs qui embrumaient notre discernement et nous avons la vision plus claire de la direction à suivre dans notre vie. Ainsi tous les actes, paroles ou pensées qui furent nuisibles, par la rédemption ont été transformés en une énergie bienfaitrice qui se tourne vers le service aux autres.

Pour cela nous commençons par l’Amour de Soi-même qui vient nous donner la reliance et l’Amour, rendus maintenant disponible, pour se diriger vers le service aux autres, en émanant l’Amour vers les autres, de la manière qui nous est suggérée sur l’instant.

C’est un outil merveilleux qui permet de libérer tout individu prisonnier de ses propres peurs, remords et croyances.

La prison peut être physique, morale et psychique, car elle se manifeste par un enfermement induit par des limites, dans chacun de ces plans. Autant que les murs physiques, les barrières psychologiques et psychiques sont tout autant dévastatrices, car elles coupent l’être du sentiment de reliance à son énergie nourricière, qui lui apporte joie et paix intérieure.

Ainsi, comme certains grands enseignants spirituels l’ont vécu, même un prisonnier physique peut se sentir libre à l’intérieur, grâce à la connexion à son essence divine.

Donc tout prisonnier n’est pas dans l’obligation de purger sa peine jusqu’à la fin de sa vie. Du moment où il prend conscience du sentiment de honte, il peut se libérer de ses fardeaux et remercier pour tout le chemin initiateur parcouru.

Peut-être que dans un premier temps les victimes présumées réconforteront leur sentiment d’injustice en voyant le coupable derrière les barreaux. Pour autant ces victimes ont elle aussi un Pardon à effectuer à l’intérieur d’elles-mêmes pour se sentir libres. Quand les individus qui furent victimes se libèrent, ces personnes libèrent le lien et cela peut aider le bourreau à se libérer.

Quand une personne anciennement victime est libre, elle rayonne de l’Amour vers les autres, y compris vers le bourreau, car c’est l’esprit à travers elle qui s’exprime ayant transcendé la personnalité, ayant été momentanément prisonnière de ses mécanismes de domination/soumission.

Le bourreau n’a pas à attendre que toutes les victimes se soient libérées de leurs liens, pour purger sa peine, car tout le monde est imbriqué dans ce mécanisme. Le bourreau/l’agresseur/le dominateur, reçoit par ses remords, sa honte, sa culpabilité, le signal qu’il est en capacité de faire face à ses blessures, pour les transcender.

Tout se produit en même temps, car les blessures germes sont des noyaux qui ont été le point de départ de tous les évènements qui ont suivi, dans le déroulement des blessures infligées et reçues.

Grâce à la compréhension de ces évènements, nous nous connectons à plus d’Amour en nous et permettons aux autres de se libérer, par notre simple rayonnement. C’est se tourner vers le service aux autres.

De grands enseignements des maîtres nous le rappellent ; je cite ces mots issus du livre « La vie des maîtres » :

« La volonté d’être servi au lieu de servir provoque le retour du courant vital contre lui-même. La volonté de servir maintient le flux du courant vital à travers l’âme et entretient le rayonnement de la personnalité. »

Accomplir le Pardon, c’est ouvrir la porte de la reconnexion à son essence divine. Se tourner vers la volonté de prendre le pouvoir revient à se retourner contre soi-même. Se laisser habiter par l’essence de Dieu revient à disposer du pouvoir déjà disponible en nous, pour le mettre au service de l’idéal de Dieu, c’est-à-dire au service de l’Amour de Soi vers autrui.

Une personnalité blessée, qui s’est inconsciemment laissée voler son pouvoir par autrui et atteindre dans son intégrité, souhaite en retour reprendre le pouvoir sur l’agresseur en lui volant son pouvoir par une autre forme de domination. C’est un cercle sans fin tant que le mécanisme reste inconscient.

Seul le Pardon donne accès à cette ouverture de conscience, où le couple agresseur/agressé fusionne en Un dans la conscience globale. Cette conscience de la manifestation de la dualité qui a ouvert la porte à une meilleure compréhension de ce qu’est l’unité.

L’Amour émané par celui qui a vécu les deux faces de la dualité, est encore plus fort que celui qui n’a jamais expérimenté cette scission de la réalité en deux faces opposées, qui ensemble forment cette même unité.

Cette somme d’expériences rend plus fort, plus aimant, plus ouvert à toutes formes de manifestations dans tout l’univers, de la plus sombre à la plus éclairée.

C’est ainsi que nous grandissons dans notre conscience et que nous nous tournons vers le service aux autres, en vivant ce que tous ont vécu, vivent ou vivront, et en les aidant parce que nous avons trouvé la force de retrouver l’unité.

Transmettons nos expériences pour aider notre prochain à trouver en lui-même l’ouverture de la porte de la conscience, l’accomplissement du Pardon, chemin de retour à la réunification avec son Soi divin.

Merci, merci, merci